• Appel aux municipalités

     

    Pourquoi il nous semble important que

    les communes s'opposent à la 5G


      La construction d'un réseau de téléphonie mobile 5G est présentée par les dirigeants du monde entier comme une innovation d'une évidente nécessité telle qu'elle ne pourrait souffrir de contestation. En France, le gouvernement et le président de la république montrent sans ambiguïté qu'ils n'ont absolument pas l'intention de tenir compte de quelque réticence que ce soit. Pire, malgré la promesse de respecter ses avis, le gouvernement va jusqu'à repousser sans appel la demande de moratoire exprimée par la Convention sur le climat qu'il avait lui même mise en scène en sélectionnant 150 citoyens.

      Ainsi, ces dirigeants qui mettent si souvent en avant la Raison pour justifier leurs actions semblent l'avoir totalement perdue pour se vouer les yeux fermés à une sorte de divinité nébuleuse, ou, faudrait-il plutôt dire, électromagnétique.

    Passage en force

      Il faut pourtant constater que la nécessité d'un tel système n'a pas été démontrée. Les déjà nombreux réseaux déployés (2, 3, 4G et autres modes de communication sans fil) ne sont pas encore opérationnels sur tout l'Hexagone et sont loin d'être saturés par les pratiques de leurs usagers, un coûteux chantier de déploiement de la fibre haut débit est en route mais, malgré tout cela, pour justifier cette nouvelle génération d'antennes, des arguments sont avancés qui se veulent incontestables, comme la chirurgie à distance. Et pourquoi les hôpitaux de la campagne n'auraient-ils pas droit à la présence d'un vrai chirurgien en chair et en os, eux aussi, plutôt qu'un froid robot qui perdra la boule à la moindre panne de connexion risquant ainsi la vie des patients ? Et même, pourquoi une opération à distance aurait-elle besoin d'un réseau sans fil alors que la fibre est autrement plus puissante et fiable que les 5 ou 6G ? Et moins dévoreuse d'énergie. Car la 5G consomme trois fois plus d'électricité que les précédentes. Les fans des ondes imaginent-ils une opération chirurgicale se tenant dans une cabane de montagne grâce à la seule grâce de saint G et sans autres intercessions ni appareillages ou personnels qualifiés ?

      A bout d'argument dans leur tentative pressée de rendre naturelle cette innovation, les promoteurs de la 5G proclament que si cette technologie n'était pas développée sans délai la France prendrait du retard sur les puissances concurrentes. Nous y sommes ! Il s'agit bien d'une course. D'ailleurs l'Europe investit déjà dans l'étude de la 6G. Cette fuite éperdue vers l'avant est l'expression d'une vision très naïve du progrès qui ajoute toujours plus de techniques nouvelles pour réparer les dégâts que la technologie génère… Jusqu'à épuisement des hommes, disparition des espèces et destruction de la planète. La crispation des dirigeants sur ce dossier est d'autant plus grande que les doutes sur le sens de ce sprint désespéré se précisent dans les sociétés (sondage Opinionway : 65 % des Français sont favorables à la suspension immédiate du déploiement de la 5G). Face à cela, la doctrine se résume au fait que la 5G serait le levier de la relance économique.

    Une société du sans contact et du contrôle

       La 5G a été pensée d'abord pour développer l'Internet des objets. Il se trouve que 70% des objets connectés sont des caméras de surveillance. Ce nouveau réseau doit permettre d'en déposer partout, encore plus aisément et rapidement. Le projet de relance de l'industrie c'est celui de la smart city, d'un monde intelligent qui fonctionne tout seul en effaçant l'intervention humaine. Plus personne au volant des véhicules, plus personne aux guichets des services publics. Plus d'ouvriers pour actionner les machines (juste des machines pour actionner quelques employés). Plus de professeurs face aux élèves, plus de soignants auprès des malades et des vieux. L'homme est faillible et imprévisible, la machine n'a pas d'état d'âme. Elle agit par le calcul, juge grâce aux algorithmes. Au fur et à mesure que se multiplient les objets connectés, bourrés d'intelligence, l'homme perd un peu plus la sienne.

      L'épisode du covid facilite l'inoculation dans les esprits de l'idée du sans contact, des relations à distance et de la traçabilité. Les gouvernants surfent sur cette tendance puisqu'elle sert la rationalisation qui était en cours déjà avant cette crise sanitaire en promouvant l'enseignement et le travail en ligne, la médecine prédictive de masse.

      Imaginons un instant cette planète de cauchemar sur laquelle tout fonctionne tout seul et dont une proportion grandissante d'habitants est considérée comme surnuméraire… Ne serions-nous pas alors nombreux à rêver secrètement d'une bonne panne de courant où de l'intervention d'un habile pirate en ligne, pour que tout s'arrête et que l'on reprenne conscience qu'il y avaient des femmes et des hommes dans ce monde. Malheureusement, nous ne pourrions nous réjouir très longtemps d'un tel événement tellement les conséquences pourraient s'avérer dramatiques dans un monde devenu totalement dépendant de la connexion numérique.

    Tout pour le “sans fil“

      De plus en plus de personnes renoncent à leur téléphone fixe pour cause de dégradation du réseau de câbles et du harcèlement de la prospection commerciale que ce gouvernement pourtant particulièrement autoritaire ne semble pas vouloir combattre sérieusement. La grande offensive des entreprises du sans fil en profite pour présenter la téléphonie mobile comme la solution aux besoins de communication la plus fiable et la moins onéreuse. En cas de coupure durable d'une ligne, les opérateurs proposent des clés 4G. De plus, depuis 2018, le système historique qui fonctionnait même en cas de panne de courant assurant les appels d'urgence en toute circonstance est démantelé (suppression du RTC). Sans compter la liquidation des cabines téléphoniques qui obligea les derniers récalcitrants à acquérir un appareil sans fil.

      Se contenter d'accepter cet état de fait, ce serait oublier que ce modèle nécessite des milliers d'antennes émettant des ondes électromagnétiques qui laissent de moins en moins de zones indemnes de cette pollution invisible mais néanmoins néfaste. Oublier également que tout cela fonctionne avec de l'électricité en quantité croissante. Oublier le pillage de métaux qui se font chaque jour plus rares et dont la quête effrénée provoque déjà misère et guerres à bonne distance de nos yeux et oreilles.

      Accepter un débat sur la 5G, ce serait entrevoir la possibilité de remettre en cause les choix technologiques actuels, accepter de reconsidérer des logiques qui ont des conséquences majeures. Au lieu de recevoir toute innovation comme une fatalité.

    Mépris des municipalités

      L’état ôte pratiquement tout pouvoir aux municipalités pour faire face à l'installation d'antennes. Tout comme il le fait vis-à-vis des délibérations s'opposant à l'installation des Linky et de celles qui établissent des distances de sécurité autour des habitations en espérant les protéger de l'épandage des pesticides dans les cultures. Les municipalités devraient donc se taire, courber l'échine devant l'autorité ? Renoncer à relayer les craintes des habitants, ne surtout pas enquêter sur les nuisances les affectant ? Les élus locaux ne sont-ils compétents que pour recevoir rodomontades et leçons de fidélité aux gouvernements en place ?

      Ces dernières semaines, un certain nombre de villes expriment une demande de moratoire. En général, cette demande de suspension du projet 5G est motivée par le manque de garantie sur les effets sanitaires de cette technologie et puisque le gouvernement la propulse énergiquement sans avoir le moindre début d'assurance sur son innocuité. Nous pouvons sans risque prévoir que l'ANSES ne tardera pas à fournir des chiffres rassurants sur cette question. Faudra-t-il alors lui faire confiance et rentrer dans le rang ? Doit-on négliger les autres nuisances ?

      Quelle que soit la forme que pourra prendre une position officielle de défiance vis-à-vis de la 5G, ce qui sera déterminant dans ce combat sera la façon de tenir cette position contre vents et marées.

    « Le Conseil municipal n’est pas l’espace pour régler les grandes affaires du monde » dixit le maire d'Ahetze en réponse à une proposition de moratoire sur la 5G que faisaient des élus d'opposition le 30 septembre 2020 en conseil municipal. Nous nous adressons ici à ceux et celles qui ne partagent pas cet avis, quoi que puisse leur imposer la légalité républicaine.

    En guise de conclusion

       Tout comme l'imposition des Linky ne sert pas une simple évolution du réseau électrique mais bien un programme d'optimisation du marché de l'électricité, la 5G n'est pas qu'un banal renforcement de la téléphonie mobile mais une tentative de modernisation du développement industriel. Ces deux innovations sont en tout cas au service d'une automatisation de tous les actes de la vie et d'une surveillance de nos gestes quotidiens. Les innombrables données récoltées et amassées afin d'alimenter des calculateurs constituent une mine d'informations rendant possible la rationalisation de la gestion des populations. Seuls ceux qui désirent dominer soutiennent ces dispositifs.

    Quelques pistes pour s'opposer

       La loi ne laisse que peu de moyens aux communes pour refuser l'implantation d'antennes. Pour une question d'architecture ou la présence à proximité de monuments historiques, peut-être. Les ordonnances prises par le gouvernement le 25 mars 2020 dans le contexte du covid, simplifie encore la tâche aux opérateurs en ôtant tout besoin d'autorisation pour construire leurs antennes.

       Pourtant, des choses restent possibles. Les municipalités ou des EPCI peuvent refuser que soit posé quoi que ce soit sur les biens relevant de leur compétence. Elles peuvent demander aux propriétaires privés de refuser toute proposition qui leur serait faite d'antennes sur leurs terrains.

       Mais aussi, les élus locaux peuvent organiser des débats publics, ils sont en droit de réclamer aux quatre opérateurs de téléphonie mobile des informations sur ce qu'impliquerait le déploiement de la 5G sur leurs communes, ils peuvent assurer une information précise de la population afin qu'elle ait les moyens de réagir. Les municipalités peuvent apporter ce débat jusqu'à la Communauté d'Agglomération.

       Également, les communes peuvent faire la promotion du fil plutôt que celle des ondes. Par exemple, en remettant en place des cabines téléphoniques et en mettant à disposition du public des points de connexion sans wi-fi. Ainsi, le “portable“ pourra-t-il devenir progressivement, de moins en moins indispensable.

       Et enfin, nous n'avons pas la prétention d'avoir pensé à tout ce qu'il est possible de mettre en œuvre pour stopper cette insatiable soif d'accélération et de production industrielle de nouveaux objets.

    Collectif anti-Linky & 5G de Soule
    octobre 2020

    (Lire également l'argumentaire du collectif)

     

    Un exemple de ce que peut faire une municipalité

    L’État dresse des listes des endroits où une antenne devrait, pour parfaire la couverture, être installée. Mais on n'est pas obligé de dire Amen.

    En février 2022, le Maire de Gamarthe adressait le message ci-dessous aux autorités compétentes.
    Les promoteurs du tout numérique et du téléphone indispensable dans la poche sont allés voir
    (un peu) plus loin.

    Objet : Décision du Maire pour l'antenne de télécom sur Gamarthe
     
    Bonjour,
    Suite à la consultation de la population et du Conseil Municipal, sur l’implantation d’une antenne de télécommunication sur la commune de Gamarthe, M. le Maire, demande à l’équipe du projet local, Monsieur le Préfet et le Président du Conseil Départemental de bien vouloir demander à l’État, le retrait du point d’intérêt de Gamarthe suite à l’arrêté du 31 mai 2020.
    En vous remerciant par avance.
     
    Cordialement

    Si ça pouvait arriver plus souvent !